Alors que le processus d’exploration d’hydrocarbures off-shore au large des côtes libanaises a été suspendu en raison de la pandémie de coronavirus, d’une part, et du report en novembre dernier des négociations concernant la frontière maritime entre le Liban et Israël, d’autre part, un collectif, baptisé Coalition for Energy Governance (CEG – Coalition pour la gouvernance dans le domaine de l’énergie), a annoncé le lancement de ses activités lors d’une conférence de presse en ligne lundi.

Le groupe, composé de plusieurs organisations, s’est fixé deux objectifs principaux : surveiller l’évolution dans le secteur des hydrocarbures et conseiller l’État libanais dans ce domaine, spécifiquement dans les domaines de la gouvernance, de la transparence et de la responsabilité, selon la vidéo de présentation du CEG. La coalition veut également œuvrer à développer les capacités des organisations issues de la société civile dans les domaines précités et à former des travailleurs dans ces domaines. Selon Julien Courson, coordinateur national du CEG et également directeur exécutif de la Lebanese Transparency International (LTA), section libanaise de Transparency International (TI), le besoin de formation sera plus que nécessaire dans la mesure où il s’agit d’un secteur naissant – c’est la première fois que le Liban, situé en marge d’une zone maritime très prometteuse en matière d’hydrocarbures, se lance dans un processus de confirmation de ses réserves potentielles de gaz.

Forage du bloc 9 « en août »

Les travaux de la coalition sont financés durant trois ans par l’Agence norvégienne pour le développement international (Norad), Publish What You Pay (PWYP – Publiez ce que vous payez, de l’Université Notre-Dame de Louayzé) et Westminster Foundation for Democracy, ainsi que par des aides directes de PWYP à travers la LTA, selon le directeur exécutif de PWYP, Pierre Saadé. Les membres de la CEG sont : la LTA ; l’Association libanaise pour les droits et l’information des contribuables (Aldic) ; la LOGI (Lebanon Oil and Gas Initiative), groupe de pression spécialisé sur les enjeux de gouvernance dans le secteur des hydrocarbures libanais ; Diaries of the Ocean ; Ghersal Initiative ; Organization for Petroleum & Energy Sustainability (OPES) ; Justice Without Frontiers (JWF – Justice sans frontières) ; Kulluna Irada et PWYP.

S’exprimant pendant la conférence de presse, Julien Courson a souligné que le consortium mené par Total (à 40 %), dont font également partie l’italien Eni (40 %) et le russe Novatek (20 %), ayant obtenu en février 2018 les licences d’exploitation concernant les blocs n° 4 (centre) et n° 9 (Sud) de la Zone économique exclusive (ZEE), qui en compte dix au total, n’a pas quitté le Liban « alors qu’il aurait pu aller dans des pays plus stables politiquement ». Toujours selon lui, le forage dans le bloc 9 devrait débuter « en août » et, selon les déclarations de Total, dans une superficie qui ne se trouve pas dans la zone de litige entre Israël et le Liban. Le forage exploratoire du bloc 4 a démarré fin février 2020, et ses résultats préliminaires ont pu démontrer la présence de gaz, mais pas « encore » celle d’un gisement.

Les autorités libanaises préparaient depuis avril 2018 le second round d’attribution des licences pour les blocs 1 (Nord-Est), 5 (centre-Est), 8 (Sud-Est) et 10 (Sud-Ouest), qui a été ajourné en raison des multiples crises que traverse le Liban depuis plus d’un an. Il devrait toutefois se faire « prochainement », selon Julien Courson.

Enfin, concernant la transparence, M. Courson a regretté le fait que plusieurs lois cruciales déjà votées au Liban ces dernières années – sur la protection des lanceurs d’alerte, sur la transparence dans le secteur des hydrocarbures et sur le droit d’accès à l’information de 2017 – permettant en principe à tout citoyen de prendre connaissance des données relatives aux dépenses engagées par les différents ministères et institutions publiques – n’étaient toujours pas appliquées.

Source: www.lorientlejour.com